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 Conte de l'Est : Erebion et Annûssel

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MessageSujet: Conte de l'Est : Erebion et Annûssel   Conte de l'Est : Erebion et Annûssel EmptyMer 23 Oct - 21:33

Erebion et Annûssel


Naguère vivait Erebion, un des meilleurs sculpteurs de l'île des Cieux, ou Azur comme on la nomme de nos jours. Il vivait en marge de l'un des petits villages de l'île, se consacrant pleinement à son art tout en dédiant chacune de ses créations à Mère Nature. La beauté de la flore l'inspirait, et même si, selon lui, il ne faisait qu'imiter les délicats chefs-d’œuvre de Mère, il sentait qu'elle appréciait sa persévérance et le talent qu'il développait grâce à elle.

Un beau matin, alors qu'il se rendait au village pour marchander quelques vivres en échange d'une de ses œuvres, il posa les yeux sur une belle étrangère. Ses grands yeux orangés semblaient être deux émeraudes posées avec délicatesse sur l'écrin de son visage, lui même enveloppé dans un tissu surmonté d'un étrange casque. La beauté de l'inconnue lui foudroya le cœur et l'esprit, et Erebion comprit qu'il en était éperdument tombé amoureux. Malheureusement pour lui, le sculpteur était plus à l'aise dans sa petite carrière qu'au sein de la société et il n'osa se présenter à la jeune femme. Il tenta de se renseigner auprès des marchands qu'il côtoyait, afin d'obtenir la moindre bride d'information sur sa belle, et on lui répondit que les gens l'appelaient Annûssel, Celle qui vient de l'Ouest, ou Celle qui vient du Soleil. Selon certains, elle était prêtresse d'une des divinités de là-bas, mais elle en parlait peu. Elle serait venue pour rendre visite à une amie souffrante et... c'était tout. Erebion était désespéré.

A partir de ce jour, il fit plusieurs aller-retour vers le village, dans le seul espoir d'entrapercevoir sa douce. Certains jours il rentrait bredouille, d'autres un immense sourire rêveur flottait sur son visage. Mais à mesure qu'il s'éloignait des maisonnées, ses lèvres retombaient. Et son chagrin d'amour le rongeait un peu plus. Il ne pensait qu'à elle, ne voyait plus qu'elle. Il avait délaissé marteau et burin, n'ayant plus cœur à alimenter sa passion. Un matin, il la vit vendre quelques effets à l'une des marchandes de tissu, et il s'empressa d'y mettre son nez. Presque littéralement. Il s'agissait de robes et de pièces de tissus venues de l'Ouest, qu'elle vendait sans doute pour venir en aide à son amie. Et parmi tout cela, un délicat mouchoir qui, pour notre sculpteur, ne pouvait que sentir son délicat parfum. Il le racheta aussitôt et se hâta de quitter les lieux, de peur qu'on ne lui reprenne ce doux trophée.

Alors qu'il regagnait une fois de plus sa petite maison perdue dans la forêt, il se perdit dans ses réflexions, se demandant comment un misérable tel que lui pouvait ne serait-ce qu'attirer l'attention de cette merveille de Mère Nature. Son pied buta alors sur le socle d'une statue qu'il n'avait pas encore commencé, et il s'étala de tout son long dans l'herbe. Sa sacoche s'ouvrit et au même instant, un étrange loup à branche de cerf s'empara du fin mouchoir. Erebion cria, mais l'animal fuit, le tissu serré entre ses dents. L'homme se releva et courut derrière la bête, l'incendiant de tous les noms possibles. A bout de souffle, il observa, impuissant, l'animal disparaître derrière un rideau de lierre. Écartant les lianes pour se frayer un passage, Erebion resta muet de stupéfaction : sous ses yeux se dressait un immense bloc de pierre, parfait pour être taillé, et plus ou moins abrité dans une alcôve naturelle. Son regard descendit alors vers la drôle de bête, et cette dernière se tenait devant lui, la queue battant légèrement, comme si elle était heureuse. Elle déposa le mouchoir sur le sol et, dépassant Erebion, repartit sans se retourner. Le sculpteur comprit. Mère voulait l'aider.

Avec sa passion, il allait pouvoir conquérir l'élue de son coeur.

Pendant des jours et des nuits, sous la lueur successive du soleil et des étoiles, il sculpta, façonna et cisela avec amour la pierre qui se dressait ici. Il donna chaque parcelle de son être et de son âme dans cette ultime sculpture, sa plus belle création. Après le cinquième lever du soleil, il se recula pour contempler son oeuvre, heureux bien que terriblement épuisé. Mais il n'y avait pas une minute à perdre. Il devait lui dire, lui crier silencieusement tout l'amour qu'il ressentait pour elle. Annûssel. Annûssel. Son surnom revenait sans cesse sur ses lèvres alors qu'il courait vers le village. Il ignora les marchands, les regards horrifiés au passage de son visage émacié, et ne s'arrêta qu'une fois devant la porte de là où elle résidait. Chez son amie souffrante. Il frappa. Rien. Il frappa à nouveau. Le silence lui répondit à nouveau. Il tambourina de toutes ses maigres forces, et un homme qui passait là lui indiqua que la femme qui vivait là était décédée il y a deux jours. Et que la belle Annûssel était repartie l'Ouest, de là où elle venait.

Dévasté, Erebion revint à l'alcôve et, rattrapé par la fatigue et par le chagrin, il se laissa choir au sommet de la statue. Fermant les yeux, il imagina une dernière fois la vie qu'il aurait vécu avec la belle Annûssel, et il s'endormit à tout jamais.

Attristée par le sort de son enfant, Mère Nature aurait alors fait éclore sur son corps des Annûndaen, des fleurs d'amour que les jeunes amants aiment s'offrir encore de nos jours. Quant à son âme, Mère l'aurait incrustée dans le joyau qui orne désormais la statue, et certains voyageurs pensent que le sculpteur serait toujours là, capable de faire se mouvoir la statue ou simplement lui faire cligner des yeux.



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