C'est un très grand jour aujourd'hui.
Un très, très très grand jour.
Car je pars en "pèlerinage".
Mes affaires sont prêtes. Je possède une bourse conséquente, enfin de ce que je sais de la valeur de l'argent. Mes Sœurs sont à la porte du temple, qui ne s'ouvre que si rarement, elles me sourient tandis que je franchis la porte du temple. Je ne me retourne même pas ! Le monde m'attend, et j'en ai plus qu'assez de croupir ici ! ... Bon je me retourne peut être juste un peu. J'aurais cru ça plus facile, de dire adieu à ce monde que j'ai toujours connu, et que je n'aime pas. Mais il faut croire qu'elles me manqueront quand même un peu, ces bigotes. Nous étions liées par les mêmes savoirs et croyances, et maintenant j'usai de celles ci pour m'échapper. Je me sentais presque honteuse. Elles prirent sans doute mes joues rouges pour un peu de peine et de fierté mal placée.
Je suis sûre qu'elles sont un peu soulagées, au fond. J'étais trop talentueuse pour être mise à la porte, mais combien de fois les ai je entendu soupirer ou les ai je vu rouler des yeux quand je parlais ? Ou quand j'ai acheté cette superbe ceinture à grelots... Mystérieusement disparue, d'ailleurs.
Mais je ne veux pas penser à tout ça. Tout ce qui compte pour moi est dans ce sac.
Je me recoiffe, redresse mes cheveux blancs en haute queue de cheval, et sort de ma besace de cuir mon très cher ami. Je porte le crâne à la hauteur de mon visage, mes yeux dans ses orbites. Il me protégera, j'en suis sûre.
Nous sommes le matin, j'ai déjà prié, mais je me recommande une nouvelle fois aux dieux. Qu'ils puissent me pardonner ma malice et me voir encore comme leur dévouée servante.
Ah.
C'était donc inévitable.
Je sens quelques larmes sur mes joues et dans mes yeux.
Alors je mets mon masque sur le visage.
Les lourdes portes du temples sont fermées désormais. Des badauds se sont arrêté, car c'est un fait rare, qui marque l'arrivé ou le départ d'une Prêtresse du Soleil. Mes vêtements, mon masque, mes affaires, tout indique quelle situation est la bonne. Quelques habitants s'inclinent ou me saluent respectueusement, d'autres me dévisagent. Je leur sourit et avance, essayant de marcher aussi guillertement que d'habitude.
C'est le grand jour !
Qu'il soit mémorable !
