Un jour reculé, bien avant les notres, Naldr, déesse de la joie, de la justice et de la lumière, laissa par mégarde tomber sur terre un cadeau destiné à Komera.
Ce présent était la Pyripaga, la plus belle pierre précieuse possible à imaginer, dotée de pouvoirs divins. La déesse ne la retrouva pas, malgré ses recherches, car un humain la trouva avant elle, un simple chasseur qui s'était trouvé au bon endroit, et qui la remarqua pour sa beauté : Quel bon cadeau cela ferait-il pour son chef ! La fille de ce dernier était malade, et le clan entier cherchait à témoigner du réconfort envers leur bien aimé meneur en cet hiver difficile.
Revenant sur ses pas, il admira son trésor : une pierre bleue de forme ovale, au centre rouge orangé, comme du feu pris dans la glace, elle semblait animé à la lumière. Naturelle, il lui semblait, mais déjà si belle qu'il ne faudrait pas la tailler au risque de perdre ce qui en faisait la rareté.
La pierre fut donc offerte au chef de ce clan. Lequel ? Personne pour s'en souvenir. Reconnaissant, le père la fit sertir sur une fine couronne d'or, qu'il offrit à sa fille bien aimée. Celle ci fut comblée de ce si beau présent. Et tous virent comme bon présage cette gemme trop belle pour ne pas être divine, offerte pour eux ! Depuis lors, jour après jour, la fille du chef allait bien mieux, et ce de manière visible. En une semaine, elle fut capable de se lever, de marcher, de courir et de danser, elle qui était alitée depuis de longs mois.
Le clan entier était à l'allégresse et aux prières de remerciement. Le chef venait alors de se faire remettre la pierre divine, car il l'avait demandé à sa fille pour bénéficier lui aussi de la chance qu'elle portait, après s'être assuré que la lui retirer ne la rendrait pas à son état précédent. Mais heureusement il n'en était rien, mieux encore ! Porter la pierre irradiait sa chance à tout le clan, qui fit bonne chasse depuis ce jour.
Néanmoins, Naldr, frustrée et outrée, redescendit sur terre, ayant retrouvé le chef faisant grand cas de ses nouveaux dons, et lui demanda de lui restituer la Pyripaga. L'homme supplia, demanda à la garder, car son clan connaissait la fortune depuis qu'il la possédait.
Réagissant avec colère à ses suppliques et à son refus, la figure justicière décida de lui laisser la pierre, mais y apporta une malédiction : le chef la portant serait chanceux, mais tout les autres de son entourage connaîtraient un retour négatif à cela.
Bien qu'il s'en rendit vite compte, l'homme ne voulu se séparer de son précieux trésor, son propre bonheur avait lui redoublé, il rechignait ! Mais il fut forcé de se rendre à l'évidence : son clan commençait à s'entre déchirer, les morts à la chasse étaient bien trop nombreuses, et sa propre famille allait à sa perte : sa fille si précieuse avait déjà subit deux accidents en ce cours laps de temps, il ne pouvait la voir souffrir de son égoïsme.
Il se rend alors au lieu de culte de Naldr et la supplia de reprendre la Pyripaga. Mais la déesse resta muette. Alors le chef contraint décide de s'en débarrasser en la jetant au fond d'un précipice, espérant la détruire ou s'en éloigner. Il fut dévasté de la voir qu'elle avait retrouvé sa place le lendemain sur sa couronne. Il tenta alors de la remettre là où le chasseur l'avait trouvé, mais le résultat fut le même. D'où l’expression populaire pour désigner une personne dont la présence persistante est désagréable : Revenir comme la Pyripaga.
Réalisant qu'il était maudit, le malheureux chef mit fin à ses jours sur l'autel à son dieu, se tranchant la gorge d'un couteau sacrificiel, couronné, demandant pardon à ses ancêtres et à son clan qui avaient tant souffert par sa faute.
Si la malédiction prit fin, l'histoire ne narre ce que devint la pierre, ni ce que devint le clan décimé.
Mythe des Terres Boréales : La pierre du feu dans la glace, ou la Pyripaga
