La môme, la brute et le représentant.

Il n'y a nul doute que dans tout Acediria la plus belle des régions était l'Est.
Bien évidemment, la plus belle île de l'Archipel était l'île Solaire.
Et le plus bel endroit de l'île Solaire ne pouvait être que la Baie Rézina !
Il était donc tout à fait possible de dire que la de la Baie Rézina de nuit était le plus bel endroit sur terre à cet instant...

Enfin, cet avis n'était peut être pas le plus objectif.

Ce qui n'enlevait en rien au charme de la scène, une voûte d'étoiles brillantes dans un ciel d'un bleu profond, éclairant une berge calme où une rivière fuyait on ne savait quoi, et où deux silhouettes paisibles semblaient au repos.

Enfin, paisibles ? Pas exactement en ce qui concernait l'une des deux, pourtant installée confortablement pour jouer de la harpe sur le bord de l'onde, les mains crispées de l'individu et sa grimace indiquaient sa difficulté à dompter l'instrument. Il l’avait trop longtemps délaissé, et sentait avoir perdu de sa maîtrise. Plusieurs fois de suite il devait s'arrêter au même endroit dans sa partition, et la reprendre, de moins en moins patient à chaque échec. Pourtant l'être était très loin d'être un débutant, il était même l'un des meilleurs harpistes et violoniste d'Acediria, sans trop de vantardise, mais à force de voyage, de mission, de rencontres, il ne menait pas comme le reste de ses congénères un entrainement journalier et prioritaire.

Profitant d'un moment de répit, il avait décidé de parer à ce manquement, mais n'était pas dans les bonnes dispositions mentales pour s'y adonner avec toute son âme et sa passion. Il y avait des jours comme ça... Pour le malheur de son garde du corps, qui avait le droit aléatoirement à des concerts d'une grande beauté, ou à ces entraînements médiocres.

Ratant son accord pour la quinzième fois, le Nøkken n'y tint plus et se leva, reposa son instrument sur le tronc de l'arbre où lui même s'était adossé, et s'adressa à son comparse.

- Je prends une pause, j'ai besoin de me dégourdir les jambes.

Se disant il effaça de ses mains les plis de la longue jupe qu'il portait, et s’enfonça dans la foret qui bordait le lieu aquatique pour faire les cent pas et se changer les idées. Il n'avait pas de crainte pour son instrument, de ce qu'il savait, il n'y avait nul autre qu'eux en ce lieu.

Messages : 10 Date d'inscription : 15/10/2019

ft. Dräarh & Temmie Derpederia

La môme, la brute et le représentant.

La nuit était belle, fraîche et agréable grâce à ce petit vent qui venait les caresser. Dans son sillage, il entraînait diverses odeurs, celles de la forêt, du humus de son sous-bois, de la résine de ses arbres, mais aussi celles de ses habitants, des animaux gras ou sveltes, oiseaux ou lézards qui roupillaient sans doute en cet instant. Mais heureusement, Raak n'y prêtait pas attention. Ces parfums auraient pu éveiller en lui l'envie de chasser ces pauvres créatures, mais pour une fois, son esprit était occupé par autre chose.

La musique emplissait ses oreilles, tremblante et répétitive. Il ne comprenait pas pourquoi Dräarh s'acharnait sur ce passage, il n'avait pas l'oreille musicale et il ne savait pas du tout faire la différence entre une bonne mélodie et une grave erreur de note. De toute manière, il avait mieux à faire de son côté. Assis au bord de la rivière, les bottes dans l'eau, il était courbé sur son ouvrage, grattant et taillant un morceau de bois à l'aide d'un petit couteau qu'il avait emprunté - volé - à quelqu'un du peuple de son maître. Il ne savait plus qui et il ne lui rendrait probablement jamais, mais c'était ainsi qu'il se comportait. La notion de propriété d'un objet ne lui était pas encore acquise, et sans doute se prendrait-il une leçon de morale par le Nøkken si le propriétaire venait se plaindre, mais jusque là, il ne pouvait tout simplement pas s'en inquiéter. Il était donc là, à tenter de ciseler quelque chose avec son bout de bois. La pointe du couteau s'était enfoncée plusieurs fois dans ses doigts, sans que cela ne semble le gêner, mais l'eau qui s'en écoulait avait commencé à imprégner le fruit de son labeur, le ramollissant peu à peu et rendant un peu plus ardu son travail.

Grognant faiblement derrière son foulard, il releva la tête en entendant son maître se lever.

« Je prends une pause, j'ai besoin de me dégourdir les jambes. »

Le chauve suivit son départ de son regard luisant et, pendant quelques minutes, il tenta de continuer son affaire. Mais il n'y avait plus de musique pour lui permettre de se concentrer. Il gronda, et l'eau autour de ses bottes se mit à frémir. Le couteau se planta dans sa main, mollement, mais il avait raté ce qu'il voulait faire. Une insulte franchit ses lèvres. Il trembla, la lame lui taillada la paume, arrosant le bois une fois de plus. Ce dernier fut alors jeté avec rage dans la rivière alors que le couteau se retrouva planté dans le sol. Le mort, encore pestant, se leva sur la berge et se retourna vers la forêt. Dräarh ne lui avait pas donné d'ordre, alors il laissa là harpe et couteau volé, et décida d'aller courir dans les bois. Après tout, il commençait à avoir faim.

Messages : 12 Date d'inscription : 27/10/2019

La nuit avait mit du temps à tomber ce jour-là... Peut-être parce que j'avais pas bien dormi durant la journée. Il y avait eu plein de bruit aux alentours... Habituellement, ça ne pose pas de problème, mais là... Je sais pas, mon sommeil devait être plus léger que d'habitude. J'avais hésité à partir à l'aventure, profiter que Papa et Maman dorment pour aller voir ce monde mystérieux qu'on appelle "le jour". Mais ils se seraient inquiétés... Et je voulais pas les inquiéter. Alors j'avais passé mon temps à me tourner et me retourner dans tous les sens dans notre petite tente de fortune. Enfin... J'ai quand même jeter un coup d'œil dehors, hein, mais juste un petit, c'est promis ! Je voulais regardé le soleil. J'ai pas souvent l'occasion de le voir après tout... Et ben ça fait toujours aussi mal ! Papa dit que beaucoup de gens préfèrent le jour à la nuit. Je comprend pas pourquoi... Il dit que c'est parce que la nuit, ça fait peur mais... Mais c'est quoi qui fait peur ? La lune elle brule pas les yeux, elle est beaucoup plus douce que le soleil... Et le jour, le ciel bleu, c'est joli, mais c'est vide. Elles sont où toutes les étoiles ? Y a bien des nuages mais c'est pas aussi joli...

Mais bref ! Comme dit la nuit a mis du temps à arriver, mais dès qu'elle a montré le bout de son nez, j'ai sauté sur Papa et Maman pour les réveiller. C'était un peu rigolo. Et puis, et puis, après j'ai demandé si je pouvais aller jouer et sortir et ils ont dit oui ! Et ben du coup, ben, je suis partie jouer. J'ai un peu regardé les étoiles aussi, Papa il m'a appris à les utiliser pour savoir où j'étais... Mais je crois que je les lis jamais comme il faut, parce qu'à chaque fois que j'essaie, je vais dans le mauvais sens. Mais c'est pas grave, parce que, au pire, ça me fait une excuse pour les regarder.

Le premier plan de la soirée, c'était d'essayer d'observer quelques animaux nocturnes. Comme ça, j'aurais un peu plus de matière pour m'entraîner à la métamorphose. Mais j'ai pas pu. Ben, en fait, si, j'aurais pu, mais en cherchant des petits animaux, j'ai finis par entendre du bruit. Enfin, une suite de bruit. C'était un peu bizarre. Mais ça m'a rendu curieuse alors je suis allé voir ! Transformée en petite chauve souris toute noire, j'ai suivi le bruit et quand j'en ai trouvé la source, j'étais trop content parce qu'il y avait des gens ! Des gens bizarres, enfin des gens pas comme moi quoi, mais des gens quand même ! Je me suis accrochée à une branche, la tête en bas. Mmmh... Le bruit il avait l'air de venir de l'objet avec lequel l'un des deux jouait. ... C'était quoi ? Un jouet ? Mais ils avaient l'air vieux un peu pour avoir encore un jouet. En tout cas, ils ont pas continué à s'amuser avec longtemps. J'ai pas trop entendu ce qu'ils se sont dit... ou plutôt j'ai pas fait trop attention, plus curieuse vis-à-vis de l'étrange objet que de toute autre chose, mais en tout cas, ils sont partis. D'abord l'un puis l'autre.

Pendant un moment j'ai hésité. J'aurais voulu demander à celui qui jouait ce que c'était que ce machin. Mais ça aurait pas plus à Maman... Mmmh... J'ai beaucoup réfléchi, à m'en gratter la tête. Et puis au final, je me suis dit que vu que de toute façon il n'y avait plus personne, j'avais qu'à aller voir de plus près l'objet mystérieux. Comme ça, je parlais à personne et Maman serait contente ! D'un battement d'aile, je suis allée me poser près du jouet avant de reprendre ma forme normale. Je suis resté quelques instant assise devant, ne sachant pas trop comment faire pour qu'il fasse son bruit bizarre. Mmmh... Le Gens il avait l'air de tirer sur les... Oh ! En touchant l'une des cordes, un bruit sortit de l'objet. C'était bizarre comme bruit quand même, mais très joli ! Alors j'ai recommencé. Une fois, deux fois, trois fois... Et puis je crois que j'ai finis par perdre le compte.

Les jambes un peu alourdies par le manque d'activité, le Nøkken ne profitait pas moins de sa ballade avec plaisir. Ces moments de calme et d’inactivité, de liberté en somme, lui manquaient cruellement parfois.
Alors il dégustait chaque minute dans son environnement familier, seul. Les forets denses et sauvages de l'île Solaire, exposées ce mois ci au froid, encore plus belle. Mais le climat était presque trop tempéré ici, il faudrait qu'il songe sous peu à un séjour aux Terres Boréales. Il était presque né là bas, après tout, et il ne se lassait pas du spectacle de la Nature préservée.

Apaisé, Dräarh envisageait de retourner à ses acharnements musicaux, quand il entendit le son de sa propre le narguer un peu plus loin. Le son était distordu, enfantin, hasardeux, et absolument désagréables à ses oreilles, qui eurent un frémissement, comme celles des animaux surpris et attentifs.

Instantanément il songea à Raak. Ne lui avait-il pas déjà dit de ne surtout pas toucher à cet objet ? Les instruments de son peuple se passaient en s'offrant, et avaient une grande valeur sentimentale. Cette harpe, sans déroger à la règle, était un cadeau de son père, qui le tenait du sien. Il avait la chance de posséder également un violon, tout aussi tabou. Il sentit la colère le gagner et ses griffes le démanger.

- Raak ! Repose cette harpe de suite !

Malgré son ton colérique, il songea sur le chemin du retour qu'il s'agissait en partie de sa faute, il avait été trop confiant sans doute en laissant l'objet sans sa surveillance. Mais tout de même ! Il avait fallu à peine quelques minutes à son garde du corps pour trépasser un ordre... Mais. Une minute. Ne l'avait-il pas entendu partir de même ? Il reconnaissait le son de sa course, et il semblait à Dräarh ne pas l'avoir entendu revenir, il pouvait parfois en avoir pour un certain temps...

Alors, qui ?

La réponse était simple et directe, il lui suffisait d'observer, une fois revenu à son point de départ, la petite créature qui jouait sans se préoccuper du monde. Le Nøkken en resta coi quelques longues deux secondes, et grogna :

- Mais qui est ce que tu es, toi ?

En fait, la meilleure question était :

- Est ce que tu pourrais ne pas toucher à ça ?

Ses yeux vides se posaient sur une créature de petite taille, perdue dans des vêtements trop grands, et aux grands yeux jaunes brillants de même. En cent quarante ans d'existence, Dräarh n'avait jamais rencontré pareil... Personne ? Impossible de définir l'âge de l'entité au coup d’œil.

Messages : 10 Date d'inscription : 15/10/2019

ft. Dräarh & Temmie Derpederia

La môme, la brute et le représentant.

L'eau avait toujours été son élément, mais c'est dans la forêt que ses instincts de chasseur s'exprimaient le plus librement. En journée, multitudes de traces de proies auraient été discernables pour un œil averti, mais le sens qu'il usait le plus en cet instant était son odorat. Il leva la piste d'une biche en pleine santé, le genre de casse-croûte qui ne serait pas facile à attraper. Pile-poil ce qu'il fallait pour l'occuper le temps que Dräarh revienne, enfin, selon lui. Il avait surtout très envie de la manger et de ne pas retourner auprès de son échec. Il suivit donc la bête quelques minutes, évoluant au plus près du sol et en prenant bien soin d'étouffer au maximum ses bruits de pas. A l’œil, il savait quelles branches éviter, quels tas de feuilles seraient à même d'amortir son poids et quels autres bruiraient à son passage. Doucement. Un pas après l'autre, il se rapprochait inexorablement du cervidé qui broutait paisiblement, comme pour combler une fringale nocturne. Les oreilles de l'animal se redressèrent sur sa tête, telles deux antennes suivant le bruit du passage d'un écureuil. Ce son anodin permit au mort de se rapprocher davantage, en restant sous le vent et sans quitter la bête des yeux. Il prit sa dague, enroula calmement la corde en algue autour de son poignet et, bloquant sa respiration, il s'apprêta à lancer son arme à la manière d'un harpon.

*DZING*

Une note. Une seule. La biche se redressa et ses perles noires découvrirent avec stupeur la présence de son chasseur. Son instinct prit immédiatement le dessus et elle bondit dans une direction avant de se carapater à une allure folle.

La créature rangea aussitôt son arme et bien qu'elle considéra un instant la possibilité de rattraper l'animal, elle fit demi-tour pour rejoindre son maître. La pause était terminée apparemment, et s'il voulait être nourri, il ferait mieux de vite revenir auprès du Nøkken. Cette fois, pas question de faire attention au bruit qu'il pouvait causer. Il fonça à travers les bois, clignant à peine des paupières alors que les buissons et les branches basses fouettaient son visage. Il entendit la voix de son chef, il l'entendit l'appeler et lui ordonner de laisser la harpe. Mais il ne l'avait pas. Il allait se faire crier dessus ? Encore ? Mais ce n'était pas comme la dernière fois ! Oui, il avait mangé l'animal de compagnie de l'autre petite idiote de femme poisson, mais ce n'était pas lui qui touchait à la-

*DZINGDZUNG*

Il accéléra. Et si Dräarh était en danger ? Non ! Cela voulait dire plus de nourriture ! Plus de mare à lui ! Plus de musique de son chef et plus de calamar frais !

Débouchant comme un forcené dans la baie, Raak analysa très rapidement la situation. Trop rapidement sans doute. Il ne prêta aucune attention à la tentative d'approche diplomatique du Nøkken, et encore moins à l'attitude presque enfantine de l'inconnue. Il bondit, la lame heureusement au repos, et s'interposa entre son maître et la chose au chapeau géant.

« Toi lâcher ! Harpe pour Dräarh ! » gronda-t-il de sa voix caverneuse.

Il posa une main au sol et, se tenant sur ses jambes fléchies, il semblait prêt à se jeter sur l'entité.

Messages : 12 Date d'inscription : 27/10/2019

Maman, elle dit que c'est normal d'avoir peur, qu'il n'y a que les gens stupides qui n'ont peur de rien. ... Je crois que je dois être un peu stupide alors. Parce que j'ai vraiment peur de rien... Enfin, sauf quand je sais que Papa et Maman sont pas là. Mais là, je m'inquiétais pas, parce qu'ils étaient pas loin. Je me suis pas inquiété quand le premier monsieur est revenu, et j'ai pas plus paniqué lorsque le deuxième est arrivé. Bon, j'ai quand même un peu sursauté parce que, ben, il est arrivé vite et en parlant fort. Mais j'avais pas peur, hein, d'abord ! J'ai juste été surprise, mais c'est tout ! Mais bon, voilà. Une fois que la surprise est passée, j'ai froncé les sourcils parce que y en avait aucun qu'avait dit "s'il te plait". Maman, elle dit qu'il faut toujours le dire, que c'est des mots magiques, que c'est pas poli si on le dit pas et c'est pas bien de pas être poli. Alors, ben, pour leur faire comprendre que c'était pas bien ben, j'ai pas répondu à la première question du Monsieur, nah ! ... Mais de toute façon, j'aurais pas répondu quand même, parce que, ben, Papa et Maman, ils disent qu'il faut pas donner son nom à des inconnus. ... Je sais pas pourquoi. Mais s'ils le disent, ils doivent avoir raison. Ils ont toujours raison.

Par contre, si un des messieurs avait dit "s'il te plait", j'aurais pas fait ce que j'ai fait après.

Pendant quelques secondes, je me suis balancée d'avant en arrière, en les fixant silencieusement l'air de rien, comme si je m'intéressais plus au jouet posé contre l'arbre. Et puis, d'un coup, sans prévenir, j'ai retouché à la corde qui a refait un bruit avant de rapidement reprendre une forme de chauve-souris et de décamper, profitant de l'effet de surprise. J'étais un peu en train de rigoler lorsque je me suis accrochée à un arbre. Parait qu'on a une voix étrange pour les gens qui sont pas comme nous, parce que ça ressemble à un échos qui résonne comme dans une grotte. Parait même que Papa, quand il était jeune, il s'est caché dans un arbre et à fait croire à un voyageur que c'était la forêt elle-même qui lui parlait. C'était rigolo à imaginer.

Mais bref. Me suis accroché à une branche, cachée dans des feuillage, en rigolant un peu avant de dire :

- Vous aviez pas dit le mot magique. Ma Maman, elle dit qu'il faut toujours le dire quand on demande quelque chose à quelqu'un.

Il y a eut un court silence et je continuais de fixer le jouet.

- Ça fait un joli bruit. ... Pourquoi ça fait du bruit ? A quoi ça sert ? C'est quoi ?

Le Monsieur qui parle fort, il avait parlé de harpe pour dräarh. ... Est-ce que c'était une harpe ? ... Du coup, ça veut dire quoi dräarh ? ... Je sais qu'un livre, c'est pour lire, un crayon pour écrire, un gourde pour boire et plein de truc comme ça. Mais une harpe pour dräarh ? Non seulement, je connaissais pas l'objet, mais je connaissais pas le verbe non plus.

- Ça veut dire quoi dräarh ? Et pourquoi faut pas toucher le truc alors que ça fait du bruit que si on le touche ? C'est pas censé servir à faire du bruit ? Pourtant je vous ai vu faire du bruit avec. C'est un jouet ? Vous êtes pas trop vieux pour avoir un jouet ? Ou... Ou alors c'est comme un doudou magique qui fait du bruit pour éloigner les monstres ? On peut encore avoir un doudou quand on est adulte ? Et vous êtes qui d'abord ?

... Ça faisait peut être beaucoup de questions. Ma Maman elle dit toujours que je pose trop de questions... Mais Papa il aime bien ça, il dit que c'est comme ça qu'on apprend. Alors, dans ce genre de situation, j'écoute toujours Papa.

L'arrivée de Raak était rassurante en soi : si la créature inconnue était en quoi que ce soit dangereuse -ce dont il doutait de plus en plus, mais il appliquait le principe de précaution-, il ne serait pas seul. Mais pour l’instant, ce dont il sentait qu'il lui manquerait, était de la patience.

Car, la petite créature, sans répondre à la menace pourtant plutôt importante, semblait se dandiner simplement et les ignorer. Attendant de voir la suite et qu'on lui réponde, le Naide énervé n'avait pas explicité d'"ordre" envers son bras droit, néanmoins il était assez satisfait de voir qu'il n'avait pas sorti d'arme : une approche "douce" était sans doute préférable dans la situation. Ah, d'ailleurs, n'était il pas à lui ce couteau aussi ? Celui sur le sol ? Bon, il ne lui poserait pas la question. C'était la vie privée de Raak, après tout.

Enfin le petit être aux yeux oranges semblait les prendre en compte. Et dans un geste de dédain et d'irrespect conséquent, tira une dernière corde de l'instrument avant de se métamorphoser en chauve souris pour rapidement s'enfuir des conséquences de son acte. Sage idée, après une assez mauvaise. Dräarh se figea une bonne seconde. Quoi ? Comment ? Mais qui était cet enfant insolant à la fin ?!

Il se crispa de manière visible, prit une inspiration, pour répondre avec la voix la plus gentille et mielleuse possible.
Non sans avoir lancé à Raak un regard témoignant d'à quel point il était excédé, bien que cet "appel au secours" soit bien, bien inutile.

- Dräarh, c'est moi, c'est un nom. Je suis donc Dräarh, pour répondre à ta question, et voici Raak. -Il le désigna comme on introduit comme il se doit deux personnes entre elles- Excuse moi de ne pas avoir été très poli. Néanmoins ta maman, qui a l'air à cheval sur les bonnes manières, et une personne respectable, ne t'a pas appris à te présenter ?

Pour aller plus vite sur les questions, avant d'y passer la nuit -c'est que la petite chose paraissait bavarde !- Il décida de couper court les explications. Il avait lui aussi des questions : un être métamorphe, une nouvelle espèce, ce n'était pas tout les jours. Avec sa voix étrange, il avait l'impression de l'entendre venir de plusieurs endroit à la fois, mais ses mots restaient compréhensibles, et le timbre enfantin. Où étaient les parents, parlant de cela ?

-Ceci est une harpe. Elle fait de la musique si on en joue. C'est un objet pour grands, pas un jouet, car c'est précieux et qu'il faut savoir s'en servir. Donc, on n'y touche pas. Surtout quand ce n'est pas à soi.

Il était un peu plus calme, car après tout, l'instrument allait bien. Néanmoins il restait un peu sur les nerfs.
Il avait failli rire en entendant cet innocent "pour éloigner les monstres ?". Ah, elle était drôle, cette petite... Chose ? Avec deux beaux spécimens monstrueux devant elle, penser qu'ils craignaient grand chose ? Ah ! ...Seuls les Hommes, à la rigueur.
Allez, à son tour.

- Au fait, plutôt impressionnant, ta transformation... Où as tu appris ça ?

Messages : 10 Date d'inscription : 15/10/2019

ft. Dräarh & Temmie Derpederia

La môme, la brute et le représentant.

Une provocation. Suivie d'un flot de questions qui venaient se heurter au barrage d'incompréhension qui cerclait le cerveau - ou ce qu'il en restait - de la créature. En soit, les mots n'étaient pas bien compliqués, et s'il avait été doté d'un peu plus de jugeote, Raak aurait sans doute compris qu'il avait devant lui l'occasion de se faire une amie d'intellect... malheureusement... L'attitude de l'entité lui déplaisait, ou plutôt, il ressentait l'agacement de Dräarh. Comme une éponge, il absorbait les émotions de son maître et, à force de le côtoyer, il avait fini par presque les éprouver lui-même. Ce n'était pas grand chose, et c'était un poil malheureux pour l'enfant. Le cadavre mouvant posa sa main sur le manche de sa dague prêt à la dégainer. Ses bottes s'enfoncèrent légèrement dans la terre meuble, il allait bondir d'une seconde à l'autre, quand la voix doucereuse de son chef le fit tourner les yeux dans sa direction. Message contradictoire. Ton gentil. Irritation. Quoi ? Et maintenant il faisait les présentations ?

Comme un chien attentif aux propos de son maître, Raak s'accroupit et attendit sagement, les yeux levés vers le Nøkken. Mais aucun ordre ne vint. Maman ? C'était quoi ? Ça se mange ? Il trépigna et fronça les sourcils. La biche était partie à présent, beaucoup trop loin pour la rattraper, mais de toute manière, la situation n'était toujours pas résolue. Après tout, la chose inconnue était encore là, perchée la tête en bas, dans une nouvelle forme. Il avait déjà vu cela quelque part... du côté des grottes peut-être ? Il ne s'y aventurait que très peu, la roche et l'obscurité ne lui plaisaient guère après tout, mais il se souvint s'être caché dans des endroits comme ça, il y a longtemps... Combien de temps ? Au tout début sans doute, quand la mer l'avait recraché sur la plage, tel un débris parmi les entrailles d'un navire saccagé par les récifs. Il y avait des gens, nombreux. Il avait eu peur. Il les avait tué, peut-être, c'était il y a si longtemps. Mais il s'était caché oui, caché dans la roche. Des yeux au plafond. Toute la journée. Pas la nuit. La nuit, les yeux étaient partis pour voler dans le ciel.

Il cligna des yeux et revint brusquement à l'instant présent. Son absence avait été de courte durée, mais si Dräarh l'avait observé au même moment, il aurait sans doute pu remarquer que la lueur turquoise du regard de son garde du corps avait, pendant un bref instant, faibli. Cependant, le Naïade était encore en train de parler. Des mots, toujours des mots. L'ennui et la faim n'allaient pas tarder. Le monstre tourna son visage balafré en direction de la chose inconnue. Il observa les grands yeux orange qui, dans un sens, étaient quand même vachement différents de ceux qui vivent normalement au plafond.

« Pourquoi plafond yeux comme ça ? Pas normal ? »

C'était... une tentative de communiquer, si l'on peut dire. De là à ce que ce soit compréhensible pour quelqu'un d'autre que lui...

Messages : 12 Date d'inscription : 27/10/2019

Les oreilles bien à l'affut, j'attendais des réponses à mes questions. J'étais pas sûre de les avoir, Papa il aimait bien que je pose des questions, oui, mais il y répondait pas tout le temps. Maman non plus. Soit parce qu'ils connaissaient pas les réponse, soit parce qu'ils ne voulaient pas me les donner, je sais pas pourquoi. J'ai déjà demandé... Mais ils me répondaient jamais. Mais, ô joie, l'un des Monsieur me répondit. Bon, déjà, Dräarh, c'était un nom. D'accord ! Bon, au moins, ça expliquait pourquoi ça ne voulait rien dire... Quoi que... Y a peut être des cas où un prénom veut dire quelque chose ? ... Mmh. Et donc le jouet ça s'appelle une harpe. Et... C'est pas un jouet ? ... Ah bon ? Et c'est précieux ? ... Pourtant, ça à l'air amusant. Un jouet c'est amusant ! Et puis en plus, il disait que ça faisait de la musique si on en joue. Donc c'est bien qu'on peut jouer avec ? ... Mmmrh ! Je comprenais pas ! ... Et puis, c'est quoi de la musique ?

Chaque réponse ne faisait que causer davantage de questions. Mais avant, le Monsieur Draärh me donnait l'occasion de parler de Maman, alors j'allais pas me gêner ! J'aimais bien parler de Maman, parce que Maman, c'est la meilleure et elle est trop forte ! Nah !

- C'est ma Maman qui m'apprend. Elle sait se transformer en plein de chose ma Maman, même en gros monstre. Elle est encore plus forte que moi pour ça. Et elle m'a aussi apprit qu'il fallait pas donner son nom à des inconnus parce que ça peut être dangereux.

J'entrouvris la bouche pour à mon tour poser des questions, encore. Mais on m'interrompit. C'était l'autre Monsieur. Monsieur Raak je crois. Il parlait un peu bizarrement quand même. ... C'était un peu un gens bizarre.... Enfin l'autre aussi, mais un peu moins. ... Ou différemment. Il fallait quand même être un peu bizarre pour dire qu'on jouait avec quelque chose qui n'était pas un jouet.

- C'est pas un plafond Monsieur Raak, c'est le ciel. Et c'est pas des yeux, c'est des étoiles.

J'agitais doucement mes ailes. C'était quand même drôle, un gens qui confondait les étoiles avec des yeux, tout ça parce que ça brillait dans le noir.

- Bon, allez, c'est mon tour, c'est mon tour !

Dis-je avec une voix excitée. Les questions, c'est chacun son tour d'abord !

- C'est quoi de la musique ? C'est du bruit joli ? ... Alors, est ce que le vent dans les feuille c'est de la musique ? Et l'eau qui coule dans les rivières ? Et la pluie qui tombe ? Et pourquoi c'est pas un jouet alors que vous dite qu'on en joue ? Et pourquoi Monsieur Raak il sait pas c'est quoi des étoiles ? Vous êtes des gens du jour venu explorer la nuit ? Vous avez jamais vu d'étoiles ?

Doucement, mais surement, je quittais la sureté de ma branche pour me rapprocher du tronc, m'y agrippant de mes petites griffes de chauves souris et commençant doucement à y descendre. Ils avaient pas l'air méchant... Alors je pouvais me rapprocher, non ?

L'incompréhension était l'expression dominante sur le visage de l'esprit des eaux.

Son regard coulait vers Raak, qui venait de poser une question qui, malgré leur connaissance l'un de l'autre, prenait difficilement sens pour le Nøkken. "Plafonds yeux" ?
La réponse donnée par la petite créature ne pouvait pas être correcte. Raak connaissait les étoiles, tout deux vivaient le plus souvent la nuit, et si Raak n'était pas la plus brillante des lumières, nul doute qu'il savait nommer ce qui se trouvait au dessus de lui.
Et son regard était... Songeur. Étrange.
Cela arrivait parfois, et Dräarh ignorait comment réagir. Il s'abstint de relever. Raak était une personne plus complexe qu'on le dirait de prime abord, et les subtilités perceptibles n'étaient en rien claires, même pour lui.

Retournant cette interrogation dans sa tête, dans l'espoir de donner une réponse correcte, le Représentant prêtait à peine attention à la petite chauve souris aux yeux brillants. Une chose à la fois. Elle était tellement bavarde, c'est qu'il perdait l'habitude !

Il avait néanmoins retenu une chose de ses paroles : sa maman n'avait pas l'air d'être une personne avec qui plaisanter, il était donc préférable de ne pas s'attirer d'ennuis. En plus, c'était une grande interrogation que de savoir duquel des trois représentants les métamorphes dépendaient, autant éviter qu'une mère facilement froissée - comme il en existait trop, de l'avis de Drâarh - ne cherche à porter une plainte. Elle n'avait qu'à mieux surveiller son enfant, aussi !

Devoir faire les nourrices en espérant que la génitrice revienne assez vite... cette soirée n'était décidément pas la meilleure, mais si il y avait une pensée rassurante, c'était qu'au moins la curiosité, une grande qualité à ses yeux, subsistait chez les enfants. C'était horripilant de devoir répondre à autant de question, et il remerciait grandement mère nature de ne pas lui avoir envoyé de petit Nøkken, mais il était prêt à faire l'effort. Un peu. Enfin... il venait de rater la plupart des mots-échos de la chauve souris, perdu dans ses pensées.

- Excuses moi ...?

L'être des eaux remit ses pensées en place et tenta une réponse avec ce qu'il avait glané.

- Et bien... Nous connaissons les étoiles, nous sommes de la nuit nous aussi. Et la musique... La musique, c'est tout ce qui plait à l'oreille, mais c'est subjectif.

Pour un Nøkken, la musique était une raison d'être, leur principal langage, l'universel, la voix de choses cachées et trop complexes pour s'exprimer autrement. Le chant des enfants de Mère Nature, leur amour inconditionnel pour elle, mais aussi l'écho de leurs âmes. Il est courant de dire que les yeux sont le miroir de l'âme, mais ceux des Nokks n'exprimaient que malice et mort. Leur âme résidait en d'autres supports, dont leurs instruments.

Mais un enfant pouvait-il se satisfaire d' une réponse comme celle ci ? Surement pas.

Tout comme il avait parfois du mal à comprendre Raak, il aurait du mal à être compris de la métamorphe.

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ft. Dräarh & Temmie Derpederia

La môme, la brute et le représentant.

Les réponses étaient là, mais pas du tout en raccord avec sa question. Comme souvent, il n'avait pas réussi à se faire comprendre. Mais c'était pourtant clair ! Pourquoi d'un coup était-elle comme ça ? Sous la forme d'un.. d'une.... d'un être qui s'accroche au plafond d'une caverne ! Il ne pouvait décidément pas faire plus explicite, et il avait malheureusement perdu son tour de parole car déjà la petite créature changeante les noyait de nouveaux sous une pelleté de mots. Se grattant le crâne, le maudit ne sentit même pas ses propres dents mordre sa lèvre inférieure alors que son esprit essayait de rassembler toutes ses forces pour former une phrase correcte. Sujet, verbe, compliment. Oui ? Non. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Elle parlait trop. Trop. TROP.

La voix claire de Dräarh vint finalement remplacer celle aiguë de la petit chose, desserrant le brusque étau qui s'était insidieusement refermé autour de la tête de son garde du corps. Ce dernier inspira, par réflexe, et il sentit l'air se balader dans son corps, libre de toute obligation auprès d'organes qui n'existaient sans doute plus.

Plafond yeux.

Les brides de mémoire forçaient et s'échouaient dans ses pensées comme autant d'épaves que la mer avait ravi. Les vagues de souvenirs voulaient le faire replonger et le ramener à cette époque, pour les voir ? Pour la voir. Il secoua la tête et grogna, chassant au loin ce passé qui tentait étrangement de vouloir s'imposer à lui. Il frappa du plat de la main sur le sol, attirant certainement l'attention des deux autres sur lui, alors que sa voix épaisse reprenait immédiatement après les dernières paroles de son chef.

« PAS étoiles ! Toi être plafond yeux ! Pourquoi ? Pourquoi questions ? Pourquoi musique ? PourQuoi tOUt ? »

La colère enflait dans sa voix, accentuant certains mots d'une manière plus qu'étrange, mais surtout, d'une façon que Dräarh pouvait reconnaître. La Faim les guettait.

Messages : 12 Date d'inscription : 27/10/2019

Il était un peu lent à répondre Monsieur Dräarh quand même... Est-ce qu'il arrivait pas à suivre ? Est-ce que je parlais trop vite ? J'étais prête à répéter s'il avait pas compris, hein ! Mais, ce ne fut pas nécessaire. Bon, déjà, c'était des être de la nuit aussi, donc s'ils connaissaient les étoiles, c'était quoi cette histoire d'yeux ? Quant à la musique... C'était bizarre comme définition. Tout ce qui plait à l'oreille ? ... Mais alors, tout est de la musique ? Enfin, moi j'aime bien tout les bruits en tout cas ! Parce que, ben, Maman elle dit toujours qu'on a de la chance d'entendre tout ce qu'on entend, et qu'il faut en profiter. Je suis jamais sur de comprendre en quoi on est chanceux mais si c'est Maman qui le dit, elle doit avoir raison. Du coup, j'aime bien tout les bruit. Mais mon bruit préféré, c'est quand même le son de la pluie. Du coup, c'est la plus jolie des musiques ! ... Par contre, qu'est-ce que ça veut dire subjectif ? Encore un mot compliqué d'adultes... Pourquoi ils pouvaient pas utiliser des mots simples. Je voulais demander à Monsieur Dräarh ce que ça voulait dire mais je n'en eu pas le temps.

Il y eut un bruit fort pour mes petites oreilles sensibles. Monsieur Raak tapa fort sur le sol. Sous la surprise, j'en lâchais ma branche, ralentissant maladroitement ma chute. Trop prêt du sol à mon gout. Rhooo... Il allait vraiment falloir que je m'entraine à voler plus que ça ! C'était vraiment pas terrible. Mais bon, c'était pas que ma faute... Pourquoi il avait fait ça Monsieur Raak ?! Je lâchais avec un ton boudeur :

- Mais ! Faut pas faire ça ! J'ai faillit tomber et me faire mal.

En plus, j'aurais dit quoi à Maman si je m'étais blessé ? Elle aurait pas été contente ! Bon, je sais que contrairement à beaucoup d'animaux, on peut pas se casser les os parce qu'on en a pas. Mais on peut quand même s’écorcher. Et on met beaucoup de temps à guérir !

- Et je pose des questions pour apprendre ! Nah ! Je veux connaitre plein de chose moi !

Continuais-je.

- Mon Papa, il aime bien quand je pose des questions, il dit que j'ai raison de le faire. Alors si Papa le dit, c'est que c'est vrai.

Y avait pas que Monsieur Raak qui pouvait grogner d'abord, hein ! Moi aussi je pouvais ! ... Enfin, ça ressemblait peut être plus à des piaillements. Si j'avais été une vrai chauve-souris, et pas seulement une ombre, on aurait même pu voir ma fourrure se hérisser. Pfff ! De toute façon, puisque c'était comme ça, j'allais le dire à Maman.

La situation venait de basculer brutalement. Elle était désormais tendue, et inquiétante aux yeux vides du Représentant. En réalité, elle était même dangereuse pour la petite créature. Certes elle pouvait s'envoler, mais ses capacités avaient encore l'air bancales. Et il faudrait qu'elle ait la présence d'esprit de s'enfuir quand cela serait nécessaire. Rien de promis. Une petite change-forme débutante pourrait elle faire le poids bien longtemps contre un Raak frustré et en colère ?

Sans doute pas. L'esprit des marécages connaissait bien son acolyte, et sentait chez lui la mort remonter jusque dans sa gorge grognante. Mais il décelait également dans sa voix... Un doute ? Une faille ténue, qui était inconnue d'ordinaire chez le mort-vivant.
Hypothétiquement, il s'agissait là de la réelle raison de sa colère, et la petite ne prenait en retour de bâton que quelque chose qu'elle avait déclenché sans pouvoir prévoir. Mais Dräarh admettait qu'il pouvait se tromper.

Cela ne réglait pas le problème. Aucun de ses gestes d'apaisement n'aurait de réel effet sur l'affamé, sur lequel se portait désormais l'attention.

Dräarh savait pertinemment qu'au delà de la menace et du rappel de leur accord, il n'avait pas de réel pouvoir contre son garde du corps, et trop souvent le Nøkken dépendait du bon vouloir du dénoyé. Raak était presque immortel, et jamais Dräarh n'avait essayé de ne serait ce que l’égratigner -il n'en avait heureusement jamais eut le besoin, et aurait bien du mal à s'y résoudre maintenant-. Quand à pousser la chansonnette, il avait de gros doutes quand à son efficacité, jamais Raak n'avait semblé gêné en l'entendant appeler une autre proie. Si l'on voulait être sincère, on pourrait presque dire que Dräarh bluffait au quotidien, et si il avait appris à rester d'un calme exemplaire -il n'avait pas sursauté au coup sur le sol, heureusement-, il frôlait chaque jour le danger auprès de son comparse. Mais il avait finit par s'établir entre les deux... Une sorte de confiance. Et de respect. Du moins, c'était là le point de vue du Représentant, qui n'avait pas à se plaindre.

De ce fait, Dräarh plaçait l’intérêt de Raak au dessus de celui de cette petite inconnue. Oh bien sûr il serait chagriné de la voir se faire dévorer, ce n'était qu'une enfant, mais il devait concéder qu'elle était quelque peu irritante. Mais là encore sa famille était le soucis. Quoique... La prétendue puissance de sa mère, ou même son existence, pouvait être un mensonge, une fable, les enfants idéalisent tellement leurs parents !

La petite continuait de pépier, faisant tressauter d'ennuie les oreilles de l'être aux longs cheveux. Sa volonté d'apprentissage était louable, mais Dräarh ne pouvait que souhaiter qu'elle se taise sur l'instant. Si elle continuait dans cette voie, elle allait causer des ennuis pour tout le monde. Cédant lui même à l'irritation, il répondit un peu sèchement.

-Il suffit, petite impertinente. Trêve.

Ne pouvait-elle donc pas comprendre ? Et cette voix aiguë et désincarnée... Si elle prenait une autre forme, serait-elle plus appréciable ? Peut être pas. Il s'était trop concentré sur elle et avait délaissé le tueur, sa dureté était due aussi à une pointe de culpabilité en lui. Il avait été bavard, et avait conscience de ce défaut.

- Ton père a raison, mais il devrait t'apprendre la mesure.

Puis il se concentra sur Raak. Sans tenter quelque approche qui pourrait être perçue comme agressive. Il lui fallait du silence, et à manger... Mais il ne détenait nulle nourriture sur lui. Rien pour le satisfaire, et cela laissait sur le visage du Nøkk une expression inquiète.

- Raak...

Raak quoi ? "Que t'arrive-t-il ?" ? "Calme toi. ? "Est ce que tout va bien ?" ? Dräarh ne savait que répondre au dénoyé. Dans le doute, il s'abstient, son visage et sa voix parlaient bien plus que des mots, et des mots il y en avait eut assez.

Messages : 10 Date d'inscription : 15/10/2019

ft. Dräarh & Temmie Derpederia

La môme, la brute et le représentant.

Les mots transperçaient son crâne. Il sentait la bête croître dans sa poitrine, dans son ventre, et finalement dans chaque parcelle de son corps. Il fallait qu'il mange. MANGE. N'importe quoi. Un poisson. Un humain. Un Dräarh. Oui. Non. NON. Pas son chef. Pas possible. Les yeux au plafond ? Non. Pas bien. Trop petite. Ennuyante. Mais trop petite. Pas manger. Va-t-en !

Il devait se calmer et penser. Se concentrer. La mare. Chez lui. Il était ici chez lui, parce que Dräarh le voulait bien. Il devait bien se tenir. Un minimum et quoi que cela veuille dire. Il ne pouvait pas se laisser aller ainsi, pas après tous les efforts qu'il était parvenu à faire, même inconsciemment. Il baissa les yeux, regardant ses mains pleines d'un sang qu'il était le seul à le voir. Le passé se mêlait au présent, il avait faim. Tellement faim. Comme s'il n'avait pas mangé depuis des siècles. Un creux au plus profond de lui que rien ne semblait pouvoir combler. Mais il essayait quand même, avec tout ce qui pouvait lui passer sous la main. Dräarh. Son regard turquoise se releva brusquement vers on chef, et celui-ci put sentir une violente vague d'agressivité s'abattre sur lui.

Leur relation n'avait toujours tenu qu'à un fil tissé de chance. Un rien pouvait suffire à le casser. Mais pas aujourd'hui. Les mots de la gamine volante résonnaient dans sa tête. Papa. Faire mal. Apprendre. Quoi ? Il passa une main rugueuse sur son visage, abaissant un bref instant le foulard qui dévoila un pan de sa joue marqué d'une énième cicatrice. Tout était si confus, et à la fois si vide. Le calme et la tempête en même temps. La solution de facilité était là, à portée de main et de dague. Il serra les dents et leva le poing.

L'arbre trembla alors que le coup venait de lui arracher une bonne partie de son écorce et de son tronc.

« Raak chasser. »

Sa voix tremblait encore de colère, mais celle-ci semblait être davantage contenue. Et joignant le geste à la parole, le monstre courut vers les bois et sa silhouette y disparut bien vite.

Messages : 12 Date d'inscription : 27/10/2019

Hé ! Mais qu'est-ce qu'il racontait sur mon Papa lui ? ... Non, sérieusement, il racontait quoi ? Ça veut dire quoi apprendre la mesure ? Je savais déjà mesurer d'abord ! Les distances avec les centimètres, les mètres, tout ça, et le temps aussi, avec les heures et les secondes. Alors qu'est-ce ça venait faire là-dedans cette histoire de mesure ? ... Faudrait que je demande à Papa de me l'apprendre alors. ... Mais bref ! Dans tous les cas, vu le ton, ça avait pas l'air gentil comme remarque ! Je lui aurais bien demandé plus d'informations mais, bah, j'ai pas trop eu le temps en fait. D'un coup, y a eu un gros boom, le pauvre arbre a dû avoir très mal, et puis Monsieur Raak il est parti. Je crois qu'il a dit un truc, mais j'ai pas trop entendu parce que dès qu'il y a eu le gros bruit, je me suis précipité dans le feuillage d'un autre arbre pour me cacher. Bah quoi ? Ça faisait un peu peur quand même, et comme je fixais Monsieur Draärh quand c'est arrivé, j'avais aucune idée d'où ça venait. Il me fallut quelques secondes de calme pour sortir de nouveau mon museau des feuilles. Monsieur Raak était plus là.

- ... Bah, il est passé où Monsieur Raak ?

Il était peut-être rentré chez lui ? ... D'ailleurs, faudrait que je rentre chez moi, moi aussi. Papa et Maman, ils allaient finir par se demander où j'étais passé. Bon bah... J'étais prête à dire au revoir mais, ben... ... Je regardais à droite, à gauche. ... Je savais plus trop d'où est-ce que je venais avec tout ça, moi. Je levais les yeux vers les étoiles, pour essayer de me retrouver comme m'avais montré Papa ! ... Mais bon, il avait beau m'avoir montré, j'arrêtais pas de me tromper quand même. Bon ! Le mieux, quand on est perdu et qu'on sait que quelqu'un nous cherche, c'est de pas bouger et de se mettre à l'abri. Vu la situation, je voyais pas pourquoi j'aurais eu besoin d'un abri, alors j'allais me contenter de pas bouger et de pas me fatiguer plus que nécessaire. En me rapprochant du sol en quelques battements d'ailes, je repris donc ma forme originale et tournais mon chapeau de sorte à ce que la clochette qui y était attachée soit juste devant mes yeux. Maman elle me l'avait donné pour pouvoir toujours me retrouver qu'elle disait. Je la fixais un instant. Je m'étais toujours demandé si Maman s'était débrouillée pour la rendre magique... Peut-être ? Mais comment ? On avait pas de pouvoir à part les métamorphoses... Faudrait que je lui demande ça un jour. Mon regard se porta alors sur l'arbre qui avait perdu une partie de son écorce et même de son tronc.

- Il doit avoir mal.

Fis-je, la tête tournée vers l'arbre. En plus, c'était dangereux. Maman et Papa ils m'avaient raconté que les arbres, bah, leur écorce, c'est comme la peau des animaux et des autres gens. Au début j'avais pas trop compris parce que, bah, les Formänderns, on a pas de peau. Mais apparemment, pour les autres espèces, c'est mieux d'en avoir et qu'elle soit pas abimée. ... Faudrait peut-être trouver quelque chose pour couvrir l'endroit blessé du coup ? Mmmh... Ni une, ni deux, je remis correctement mon chapeau, retirai ma veste et ma très, trop, grande ceinture. Le plan était le suivant : mettre la veste sur la plaie de l'arbre et la maintenir en place avec la ceinture. ... Y avait juste un tout petit problème. Monsieur Raak il avait frappé trop haut pour que je puisse tout couvrir comme il faut. J'essayais bien de sauter mais bah, ça marchait pas bien. ... Tant pis ! J'allais essayer jusqu'à ce que ça marche, nah !